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Rétrospective d’une genèse : Récit de voyage #3

7 avril 2025 Pas de commentaires

2008

Carte du Cambodge

Après avoir passé plusieurs jours dans le district de Siem Reap, à découvrir et visiter les anciens temples dont les pierres rugueuses étaient, tantôt adoucies par de fines couvertures de mousses, tantôt prisonnières de puissantes racines qui semblaient les étouffer lentement, à l’instar d’une proie prise dans la musculature d’un serpent, je décidais de me rendre sur la côte sud du pays, à Sihanoukville, ouvrant sur le Golfe de Thaïlande, pour humer l’atmosphère plus marin.

Place centrale Sihanoukville

Fort heureusement pour moi, à cette période là, Sihanoukville était encore « calme » et très peu prisée. De nos jours, elle est devenue une station balnéaire avec un tourisme de masse, apparemment en baisse depuis la pandémie.

Je me suis rendu à Sihanoukville car les guides touristiques présentent évidemment ce lieu comme une destination intéressante. Cependant, je n’y ai séjourné que deux ou trois jours, après quoi, je me suis senti l’envie de reprendre la route. J’aurais pu profiter un tant soit peu des belles plages plus longuement mais je ne m’y sentais pas à ma place. Je trouvais l’ambiance urbaine pesante et trop agitée, j’avais besoin de lieux plus paisibles et plus discrets, avec une ambiance plus feutrée et empreinte de sacré.

Ainsi, me voici reparti sur la route dans un taxi en direction de la ville qui fut aussi le lieu d’un des derniers bastions des khmers rouges, Kampot.

Sur le trajet qui mène à Kampot, je me laisse happer par l’abondance de toute cette végétation tout autour de nous, la route se frayant un maigre passage dans toute cette luxuriance végétale. Je traverse par moment quelques « hameaux » installés tout près d’un cours d’eau, ceci offrant probablement la possibilité aux habitants d’en faire usage à diverses fins. Et comme dans bon nombre de lieux dans le monde, il arrive de prendre conscience aussi des dégâts écologiques que font les êtres humains, malheureusement …. On peut oser espérer qu’à ce jour, les conditions de ramassage des ordures ou de traitement des déchets se soient améliorées là-bas aussi.

Me voilà donc arriver à Kampot, ville qui laisse voir les traces de l’architecture coloniale et située sur les rives de la rivière Preaek Tuek Chhu se déversant dans le Golfe de Thaïlande.

Comme à l’habitude, c’est mon intuition qui me guide pour choisir la guest-house qui m’hébergerait durant le séjour.

J’arrive à destination devant une magnifique guest-house sur pilotis, entourée non loin de quelques collines et de bassins, un peu à l’écart de la ville de Kampot : calme et tranquillité, connexion à la nature.

Je conserverai toujours en mémoire le moment où je suis entré dans la guest-house : j’ai immédiatement été enivré par un parfum subtil, fruité et légèrement boisé qui embaumait tout l’espace malgré toutes les ouvertures architecturales du bâtiment. Je me suis dit que leur encens était de très bonne qualité et qu’il me serait agréable de pouvoir en rapporter un peu avec moi. Notre sens olfactif est très spécial et nous permet de garder en mémoire des empreintes à vie.

Après avoir pris disposition de la chambre, j’ai été intrigué par cette odeur enivrante que j’avais sentie à mon arrivée et qui était encore plus présente et plus forte à présent.

Ma curiosité l’emporta et après avoir été guidé par mon odorat qui suivait à la trace ces grisantes effluves, je me trouvais dans une pièce où, à ma grande stupéfaction, je découvris que ce n’était pas l’odeur de l’encens qui m’interpella mais celui d’énormes sacs de jute remplis de poivre ainsi que des kilos de baies qui terminaient de sécher sur des claies ! C’était aussi exaltant pour l’odorat que pour les yeux : comme un fabuleux trésor que je venais de découvrir.

C’est ici-même que j’ai appris à aimer, voire adorer le poivre. L’épice par excellence ! S’il n’y en avait qu’une seule à avoir, ce serait celle-ci. Richesses aromatiques variées, intensités variées, formes variées, couleurs variées, et qui plus est, merveilleuse alliée pour stimuler le feu digestif et donc la digestion.

Kampot est réputée pour son fameux poivre, un des meilleurs au monde à tel point que cette variété est protégée par une IGP (Indication Géographique Protégée) depuis 2010.

Grappes de poivre frais – https://pxhere.com/fr/photo/645136

Ce n’est donc pas avec de l’encens que je repartirai mais bel et bien avec du poivre dans le sac à dos.

J’ai pris le temps pour me poser dans ce lieu calme et hospitalier, de me laisser imprégner peu à peu des environs.

Ce qui m’appelait instinctivement dans ce tout premier voyage en Asie, c’était d’entrer en contact avec les énergies des lieux sacrés, des temples.

Je trouvais ainsi quelques destinations pour satisfaire à cet appel intérieur.

C’est au milieu d’une plaine de rizières, laissant émerger du sol une petite colline rocheuse couverte de végétation que j’ai découvert un tout petit temple à l’intérieur d’une grotte, faisant tout aussi part du patrimoine culturel que l’immense étendue du site de Angkor Wat.

Il s’agit d’un temple hindouiste du 7ème siècle, le temple de Phnom Chhnork qui est très réputé. C’est un lieu qui est protégé et respecté car il fait partie du patrimoine de l’humanité.

C’est un site naturel où stalactites et stalagmites se côtoient, qui, avec des inscriptions bouddhistes et en sanskrit, créent une ambiance mystique. Ces inscriptions témoignent de la présence de civilisation datant de plus de 1500 ans, liées à l’histoire du royaume de Funan, un des premiers royaumes de l’Asie du S-E. Son entrée est comme gardée et protégée par la statue d’un éléphant, qui avec les années et l’humidité du lieu, s’est recouvert peu à peu de coulées calcaires, tout comme le temple à l’intérieur de la grotte.

 C’est donc dans cette région de l’Asie que m’a guidée pour la première fois mon âme, pour répondre à un appel intérieur. C’est comme s’il y avait eu un besoin de reliance avec un vécu antérieur, une sorte de rappel à quelque chose de plus grand et de plus vaste que soi, que les diverses civilisations orientales ont véhiculés et transmises dans une tradition constante et durable.

Je ne peux tout de même pas mettre fin à ces articles qui relatent ce voyage au Cambodge sans vous faire part de ma première rencontre avec ce merveilleux animal, le Gecko.

Il fait partie d’une classe de reptile (il en existe plusieurs espèces) et son nom provient du malais. Il est en fait une onomatopée de son « cri » qui m’a été très agréable d’entendre d’ailleurs. Le gecko est particulièrement apprécié car c’est un mangeur d’insectes ! Les guest-house étant ouvertes, ce petit animal peut se faufiler aisément dans le bâtiment voire certaines chambres.

Ce voyage a été une sorte de prémices, de préparation à ce qui allait venir plus tard. Une façon de s’acclimater à l’atmosphère asiatique et à sa culture. Je n’ai pas encore exploré à ce jour d’autres continents en immersion culturelle complète, peut-être cela se fera ou non, mais en tous cas, dans cette région du monde, je m’y suis immédiatement senti à l’aise et relié avec cette énergie si différente de l’énergie occidentale.

Je vous ai présenté les moments les plus riches et enrichissants de ce voyage et malgré qu’il y ait encore de belles aventures à relater dans ce périple, je vais m’en tenir à cela pour cette première virée en Asie car le meilleur reste à venir.

Je retournais en France à l’issue de ce voyage et reprenais l’activité professionnelle que j’exerçais à cette période. Je me suis évertué à reprendre le train de vie que j’avais mais au bout de quelques mois, mon âme était en demande d’une recherche plus conséquente et plus vaste ; un nouveau pas allait bientôt être fait vers le périple qui allait modifier le cours de ma vie…..

Crédits photos : Michael Humbrecht

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